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 Histoire de l'anthropologie : I-naissance de l'anthropologie

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AuteurMessage
mariounette
Doyenne
mariounette


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Date d'inscription : 01/06/2005

Histoire de l'anthropologie : I-naissance de l'anthropologie Empty
MessageSujet: Histoire de l'anthropologie : I-naissance de l'anthropologie   Histoire de l'anthropologie : I-naissance de l'anthropologie EmptyVen 10 Juin à 14:31

Note : les termes « sauvages » et « primitifs » ne sont bien sûr plus en usage dans l’anthropologie actuelle. Mais ils sont utilisés ici pour bien rendre compte du vocabulaire et du point de vue de l’époque, et non comme façon sérieuse de caractériser les peuples extra occidentaux. Je n’ai pas mis de guillemets mais vous comprendrez donc bien que ceci n’est pas mon vocabulaire habituel…

1) Changements à l’époque de la Renaissance
Like a Star @ heaven On découvre au 15e siècle de nouveaux mondes et de nouveaux peuples, en particulier l’Amérique. C’est l’ouverture de l’ère d’un nouvel humanisme.
Puis au 16é siècle il y a une importante remise en cause des modèles de connaissance hérités de l’Antiquité classique. La servilité à l’égard du dogme est remise en cause, la cosmologie s’émancipe par rapport à la théologie ; on a désormais recours à l’expérience et au raisonnement logique.
Like a Star @ heaven La découverte de populations aux coutumes et aux mœurs inconnues amène l’Européen à se poser de nombreuses questions, notamment celle de l’appartenance de ce « sauvage » à l’humanité. Le critère de l’époque pour y répondre est le religieux : l’humanité provient de la création divine. L’Indien n’est alors qu’une bête portant figure humaine. Le discours sur l’altérité n’existe pas. L’autre n’est que le négatif de l’occidental ; seul l’occidental est civilisé, tous les autres sont des sauvages qui n’appartiennent pas à l’humanité.
Like a Star @ heaven Mais ce discours va évoluer, notamment avec Las Casas, qui va opérer une première reconnaissance de l’humanité de l’Indien. Mais pour rétablir les choses selon la volonté de Dieu, il fallait donc le christianiser.

Like a Star @ heaven On va voir apparaître un double discours sur ces « sauvages » :
• En premier lieu, l’opposition du mauvais sauvage au bon civilisé : les extra occidentaux ne sont pas encore arrivés à un stade de développement comparable au nôtre, et ce sont des sauvages, des êtres primitifs, presque des bêtes. C’est un discours négatif, qui signale seulement les manques et les absences par rapport à ce que nous avons.
• En second lieu, le mythe du bon sauvage et du mauvais civilisé : les Indiens seraient les derniers représentants d’un âge d’or, d’un paradis perdu, vivant dans un état de nature où l’on trouve tout ce que l’on souhaite, préservés des défauts entraînés par la civilisation. À travers cette opposition on a une critique de plus en plus forte des Européens, de la société européenne.
Like a Star @ heaven C'est ce double discours qui sera la base de la très (tristement) célèbre controverse de Valladolid qui opposa en 1550 Las Casas, favorable aux Indiens, et Sepulveda, théologien juriste hostile aux Indiens.

Arrow Le 16e siècle a donc vu la cause de ce qui viendra au 19e siècle : la science anthropologique. Il n’y a pas encore véritablement de pensée ethnologique, mais la distance parcourue par rapport à l’idéologie qui dominait jusqu’alors est considérable.


2) Le 18e siècle : invention du concept d’homme
Au 18e siècle, le discours anthropologique n’existe qu’à l’intérieur du discours philosophique. Mais ce siècle des Lumières va marquer la naissance d’un projet anthropologique explicite, à travers diverses influences :
• D’abord les voyageurs, « observateurs éclairés », largement ouverts à l’altérité et à la compréhension de l’autre mais partis sans grande formation théorique. Ces premiers voyageurs deviendront peu à peu des ethnographes et rapporteront des journaux de bord rendant compte de façon précise de leurs rencontres avec les indigènes. De Gérando va alors mettre au point une sorte de guide d’anthropologie culturelle, qui contient déjà la règle fondamentale de l’enquête ethnologique : l’observation participante (réellement théorisée deux siècles plus tard par Malinowski !). Ce texte révèle l’intérêt de l’observation scientifique des primitifs.
• Les naturalistes, qui vont tenter d’établir des classifications sur les bases des sciences naturelles, avec notamment Linné et Buffon, ainsi que Condorcet, qui commence à ouvrir les théories évolutionnistes du 19e siècle.
• Les missionnaires humanistes, pour la plupart jésuites, qui vont établir des relations très précieuses lors de leurs séjours et rapporter des données ethnographiques inestimables. Ils vont montrer que le sauvage est un autre homme, dont l’humanité ne peut être remise en question. Le sauvage devient alors primitif, situé au commencement d’une série chronologique de formes sociales et culturelles (dont la société Européenne serait bien sûr la forme la plus évoluée). On voit donc ici aussi les prémices d’une pensée évolutionniste.
• Les philosophes ont fait craquer l’humanité limitée à l’homme blanc, chrétien et civilisé en accorant une importance à l’exotisme. Montesquieu, Diderot, Voltaire et surtout Rousseau font partie de ces philosophes. Rousseau fait du regard lointain la condition d’une réflexion générale sur l’homme. C’est en comparant les particularités de diverses sociétés qu’on peut découvrir les propriétés universelles de l’homme. C’est donc une méthode inductive qu’il préconise, caractéristique de l’ethnologie actuelle.

Arrow Au 18e siècle le sauvage devient un miroir de soi-même et un miroir idéologique. On voit aussi la naissance d’un concept nouveau : l’unité et l’universalité de l’homme. Il y a donc des progrès considérables par rapport au 16e siècle. Mais le discours anthropologique reste tout de même encore étroitement lié à la réflexion philosophique de l’époque sur les cultures exotiques.
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